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Un promoteur d’un amour qui n’est que don

Son détachement se traduit par une conception de l’amour, dans ses dimensions tant sentimentale que sensuelle, d’un rationalisme plutôt démystificateur. Une fois encore, il s’affirme comme un réaliste absolu, capable de dire ce que la plupart 5 50 0 Traduction de Bernard Marcadé, Marcel Duchamp, op. cit., p. 180. 5 51 1 Op. cit., p. 56. 5 52 2 In la revue annuelle Etant donné n°3, ensemble de témoignages pp. 8-35.

Méconnaissent ou taisent. C’est Lydie Sarrazin-Levassor qui lui prête les propos qui suivent : L’amour sentiment, ça n’existe pas, répétait-il à ses amoureuses avec une franchise étonnante. C’est une habitude paresseuse de localiser sur un être ce qu’il faut distribuer à tous. Amitié, affection, voilà qui est bien. Quant à la fonction physiologique qui se fait à deux, elle n’a aucune espèce d’importance, pas plus que de dîner en compagnie.5 53 3 Henri-Pierre Roché note de son côté qu’il recommandait en tordant un peu le précepte christique : « Fais à autrui ce qu’il désire, après t’en être bien assuré, et en usant de ta fantaisie. »5 54 4 Dans Victor, il prête à son héros ces bribes de discours : Rester soi en aimant. Ne pas déménager dans l’autre. Un diamant peut coucher avec une émeraude. Ils se réveillent diamant et émeraude, pas confitures de diamant et d’émeraude. Il ne faut pas manger l’autre ni vouloir être mangé, ça ne digère pas. Une fois encore, il dit ce qui est logique et se conforme à ses propres préceptes. MD va ainsi à l’encontre du sens commun qui drape l’amour de romantisme, l’imagine comme une quête d’absolu… et le traduit contractuellement par une appropriation réciproque : l’engagement de fidélité demandé aux époux, s’il ne relève pas de la foi, ne peut se comprendre en droit que comme une renonciation à une des libertés fondamentale de l’individu et, réciproquement, à une aliénation plus ou moins douce d’autrui. En déliant soigneusement le fait de faire l’amour, qualifié d’acte physiologique sans importance, et le fait d’aimer, il dégage l’espace de l’amitié qui n’exclut ni ne privilégie personne a priori. Il échappe ainsi à la dose d’exclusivisme qu’exige l’idéal d’amour au sein d’un couple : personne ne peut prétendre dès lors à posséder quiconque, ni à acquérir le moindre droit conféré par la société sur autrui.

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